L’entretien de la voie

Posté le 15 mai 2000

A lire les fora (forums!), il apparaît que l’entretien des voies est un sujet fort controversé.
Ne souhaitant entamer de polémique avec qui que ce soit, c’est avec beaucoup de modestie que nous avançons ce qui suit.

Nous ne prétendons pas que notre méthode soit la meilleure, et encore moins la seule possible. Par contre nous pouvons vous assurer qu’elle donne entière satisfaction, tant sur les trois réseaux de l’Association (HO, HOm et N), que chez plusieurs de nos membres qui l’ont adoptée pour leur réseau personnel, et ce depuis fort longtemps.

Nettoyage manuel, exceptionnel

Nous n’utilisons jamais de produit susceptible de rayer les rails, tel que papier de verre ou papier abrasif. En effet, les rayures fixent la crasse. En cas d’absolue nécessité, nous passons une gomme Roco (pas de gomme PECO, ou de gomme à stylo-bille!) doucement, sans insister. Nous avons proscrit les wagons nettoyeurs à patin abrasif, qui par leur passage répété finissent tout de même par rayer le rail, surtout le rail laiton, qui est beaucoup plus tendre que le maillechort ( mais qui donne un bien meilleur contact!).
Certaines personnes vont même jusqu’à polir le rail, par exemple avec du Ouator-auto, jusqu’à ce qu’il soit brillant comme un miroir.

Attention : en N, sur rail Arnold en acier parkérisé (noir), même la gomme est proscrite, sous peine de voir disparaître la couche superficielle de traitement, ce qui entraîne, plus ou moins vite selon les climats, une oxydation du rail.

Nous utilisons donc un chiffon imbibé de white spirit, de pétrole, ou d’huile légère (voir plus loin), et de l’huile de coude. D’autres produits conviennent également, à l’exception du trichloréthylène qui attaque les traverses de certaines voies (et qui est toxique à respirer). L’utilisation de produits desséchants nécessite cependant un re-huilage des rails, inutile avec les produits précités.

Comme notre réseau HO comporte près de 180 m de voies principales, il est évident que ce traitement manuel est réservé aux cas exceptionnels.

Nettoyage avant mise en route

Nous nous efforçons de ne jamais circuler sans avoir passé au préalable au moins une fois le train nettoyeur. En effet, les mauvais contacts sont la principale cause d’encrassement, et comme l’encrassement est également la cause des mauvais contacts, il importe de ne pas amorcer ce cercle vicieux. Le train nettoyeur enlève la poussière qui s’est déposée depuis la dernière fois, et re-fluidifie l’huile qui est déposée sur les rails (voir plus loin).

Le train nettoyeur est composé d’une double traction de locomotives à bonne adhérence (bandages), poussant un wagon nettoyeur à patin de feutre. Nous utilisons des wagons Electrotren, mais d’autres font sûrement l’affaire, s’ils sont assez lourds.

Le patin en feutre du wagon nettoyeur est imbibé… (il va bien falloir que je l’écrive!)… d’HUILE! (ouf!).
Attention, pas des quantités: juste quatre ou cinq gouttes de chaque coté, au niveau du rail. N’importe quelle huile fluide convient: huile pour mécanique de précision, huile pour photocopieur laser, etc.

 

Répondons tout de suite à deux questions :

  • non, l’huile n’empêche pas les locos de prendre le courant, au contraire (voir plus loin),
  • non, l’huile n’empêche pas les trains de monter les rampes, si elles sont raisonnables: nous avons des rampes de 3%, en courbe de 60 cm de rayon, et nous tirons des trains de huit voitures sans problème.

Nettoyage en cours de fonctionnement

Bien que rien n’empêche de faire circuler un train nettoyeur en permanence, nous avons remarqué que les roues intégralement en plastique (c’est-à-dire y compris le bandage) ont la propriété d’agglomérer la crasse: il se forme autour une espèce de « pneu », facile à enlever, et qui constitue une façon bien commode de décrasser les rails. En période de grande poussière, pour contribuer au nettoyage des rails, nous incorporons aux rames en circulation des wagons ainsi équipés .

Autres trucs

Nous avons également proscrit le tabac, dont la fumée semble bien perturber la captation du courant, au bout d’un moment (sans doute les goudrons se condensent-ils sur les rails).

Il nous arrive aussi de faire circuler un wagon muni d’un aimant, pour ramasser les débris ferreux (clous, vis, agrafes), résidus de travaux sur le réseau. Il n’y a malheureusement pas d’aimant pour les débris cuivreux, ni pour le bois, aussi nous envisageons l’achat d’un wagon aspirateur.

Enfin notons que pour des raisons financières (récupération) nous n’utilisons en HO que du rail laiton. Et, après comparaison, nous avons acquis la conviction que ce rail assure une meilleure captation du courant que le maillechort. Mais il est vrai qu’il est moins ressemblant à son modèle (quoique, bien peint…).

Petits commentaires personnels sur l’huile

Curieusement, la plupart des amateurs sont horrifiés à l’idée de mettre de l’huile sur leurs rails. Ils ne seraient pas plus scandalisés si on leur proposait d’y mettre de l’acide sulfurique ou de la fiente de pigeon. C’est au point que beaucoup refusent même catégoriquement d’essayer la recette. Pourquoi donc? Sans doute à cause d’un certain nombre d’idées reçues, ou mal comprises :

« L’huile est isolante, et va empêcher la captation du courant » : non : le contact roue-rail est toujours le même, et le courant passe normalement. Mais le contact se fait sous un film d’huile qui étouffe les micro-étincelles et évite toute oxydation des métaux en présence. Ce procédé est d’ailleurs utilisé depuis longtemps dans les gros disjoncteurs industriels, qui établissent et coupent des courants importants dans un bain d’huile.

« Les trains vont patiner » : voir réponse plus haut. Il est vrai que si l’on a des rampes de 5% et que l’on essaye de tirer 20 voitures avec une 030, il vaut mieux qu’il n’y ai pas d’huile sur la voie. Mais si on n’a que des rames conformes à la réalité sur des rampes elles aussi conformes, il n’y a pas de problème d’adhérence.

« Je ne vais plus pouvoir me débarrasser de l’huile »: si on met trop d’huile, on arrive toujours à l’enlever, soit à la main avec un chiffon, soit avec un wagon nettoyeur sec. Ça nous est tous arrivé un jour ou l’autre, et on s’en est sortis.

« Ça va faire du cambouis »: en fait, l’huile se fige sur les rails plus ou moins vite selon la température et la sorte d’huile utilisée (mais ce n’est pas du cambouis). C’est la raison pour laquelle nous passons toujours le train nettoyeur avant de circuler.

« C’est une recette de grand-mère »: c’est vrai, c’est une recette de Grand-mère Fleishmann, qui date des années 50. Mais le train (réel et modèle réduit) date du 19ème siècle, alors c’est relativement récent en comparaison. Et puis, vous avez quelque chose contre les grand-mères?

« J’ai une meilleure méthode »: formidable! indiquez-la nous!

Un dernier mot : nous avons remarqué avec amusement qu’en matière « d’huilage » de rails, les néophytes passent toujours par les même étapes :

  1. l’incrédulité (ça va pas, non? C’est juste le contraire de ce que tout le monde dit: des rails bien propres et bien secs!)
  2. l’appréhension (comment je vais l’enlever ensuite?)
  3. l’essai, et l’heureuse surprise que ça marche super! les litres d’huile partout, en espérant que ça marche encore mieux
  4. la déception, parce que là, bien sûr, ça patine un max, et la rogne contre ces mauvais conseillers qui m’on fait mettre de l’huile partout sur mes rails…
  5. retour à la raison: juste un peu d’huile suffit. Et si les rampes dépassent 3%, ce n’est pas la faute de l’huile si ça patine!

Un peu d’histoire

Cette page nous a donné l’idée de faire quelque recherches dans les archives de l’Association, et nous avons retrouvé cette brochure. Il s’agit de la revue Fleishmann de
janvier 1964.

La carcasse du versant droit de la vallée a été recouverte d’un grillage
La carcasse du versant droit de la vallée a été recouverte d’un grillage

Excusez-nous pour la mauvaise qualité du document (même les rats n’en ont pas
voulu).

Précisons que les produits évoqués dans le texte (trichloréthylène et tétrachlorure de carbone) ne sont pas des hydrocarbures.

Les hydrocarbures n’attaquent pas la matière plastique.

Quant au parasitage de la télévision, c’était à l’époque le cauchemar des ferroviphiles : à cause des fréquences utilisées, de l’absence fréquente d’antennes collectives, et du secteur branché entre phases, les postes de télévision d’alors pouvaient « détecter » un train électrique dans un rayon d’une centaine de mètres…

Dernière minute :

Un de nos membres nous indique que la recette aurait déjà été publiée « avant-guerre ». (Précisons qu’il s’agit de la deuxième guerre mondiale, donc avant 1939…). Nos recherches se poursuivent donc!

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